Vous l’avez sans doute remarqué, cet été encore, comme celui de l’année dernière a été en proie à des canicules, la France et particulièrement l’Europe ont été touchées par de fortes vagues de chaleur entre juin, juillet et août à l’heure ou nous écrivons cet article.
A titre d’exemple, la température maximale a été recensée à Jerzu, petite ville de 3 200 habitants en Sardaigne avec 48,2 °C au thermomètre, la Grèce a enregistré une vague de chaleur de 17 jours et une température de 46,4 °C est mesurée dans le village de Gythio, le 23 juillet 2023, enfin à Cordoue en Espagne une température de 38,8°C a été mesurée dès le mois d’avril.
La barre des 40°C a d’ailleurs été franchie un peu partout en Europe, que ce soit en Italie, Grèce et Espace comme nous vous l’avons dit, mais également au Portugal, dans les Balkans ou encore en France. Les 50°C ont même été frolé au Maghreb et en Turquie.
Selon l’Institut Amelis, la canicule est définie par de très fortes chaleurs le jour et la nuit durant au moins 3 jours consécutifs. Elle comprend 2 paramètres : chaleur et durée. Elle peut être détectée par Météo France 5 à 7 jours avant son déclenchement. D’après Météo France, la période propice à la canicule s’étend généralement du 15 juillet au 15 août, mais elle peut se produire exceptionnellement en dehors de cette période.
Plus les journées sont longues, plus le risque de canicule est élevé : l’ensoleillement est logiquement plus long, réduisant la durée de la nuit quand la température baisse. La canicule se produit donc plus souvent au début de l’été jusqu’à la mi-août, plutôt qu’en fin d’été.
Toujours selon l’Institut Amelis Le seuil élevé de températures à partir duquel on parle de canicule varie en fonction des régions concernées et de leur habitude à la chaleur. Un seuil existe également pour les températures nocturnes puisque les températures baissent peu la nuit dans ces conditions.
A Paris ces seuils sont de 31°C le jour et 21°C la nuit. Dans le sud de la France, la région est plus exposée à la chaleur en général : à Marseille, le seuil est de 34°C le jour et 24°C la nuit. Sont aussi pris en considération la population, plus importante dans les villes, et l’urbanisation qui hausse les températures. En conséquence, les seuils de canicule sont moins élevés en ville qu’en zone moins peuplée et urbanisée.
Vous l’avez peut-être remarqué également que les sites de météo comme Météo France ou La Chaîne Météo nous indiquent également la température ressentie. La température ressentie est une température subjective mesurée en prenant en compte la température de l’air et la vitesse du vent mais varie en fonction de chacun et de nos conditions de vies, par exemple si nous sommes fatiguée, les vêtements que nous portons ou l’activité que nous faisons.
Conséquence sur notre santé mentale
Nous évoquons souvent les conséquences des canicules sur notre santé physique et pour cause, la canicule de 2003 à fait 15 000 morts en France et 70 000 morts à l’échelle de l’Europe quand celle de 2022 a fait 62 000 morts en Europe dont 18 000 morts en Italie.
Mais une canicule n’a pas que des conséquences sur notre santé physique, elle en a également sur notre santé mentale.
Comme nous le révèle un article de ELLE du 17/08/2023, une étude publié par The Guardian, indique qu’une équipe de chercheurs s’est appuyé sur les dossiers médicaux de millions d’américains sur une période de 10 ans “et a montré qu’il y avait une hausse moyenne de 8 % du taux de visites d'urgence psychiatrique à l'hôpital les jours où la température « se situait dans les 5 % les plus élevés de celles enregistrées au cours de l'étude ».
Ces urgences psychiatriques concernent à la fois des troubles de l’humeur et de l’anxiété, du stress, de l’automutilation, de la schizophrénie et des troubles liés à la consommation de substance.
Il faut savoir que toujours selon les chercheurs, l’ensemble de la population est sujet à une dégradation de sa santé mentale en cas de canicule et que l’augmentation de 8% du taux de visites d’urgence psychiatrique serait en réalité plus forte car cette étude n’inclue pas les personnes qui ne possédaient d’assurance maladie.
Mais la question est également de comprendre le lien entre la météo et notre santé mentale et toujours d'après l’article de ELLE, cela peut s’expliquer pour plusieurs raisons.
En cas de canicule, le manque d'accès à du matériel permettant de lutter contre les fortes chaleurs peut être source de stress.
Ces périodes de fortes chaleurs, notamment nocturnes, perturbent également notre sommeil et notre capacité de récupération qui peut causer de l'irritabilité.
De façon plus scientifique, Allo Docteurs explique que les chaleurs extrêmes perturbent la production de sérotonine, un messager chimique du cerveau impliqué dans le bien-être.
Celà implique un niveau de joie diminué, mais de fatigue et de stress augmenté… Les personnes souffrant déjà de stress, de colère ou d'anxiété verront leur niveau de sérotonine augmenter encore un peu plus avec la chaleur extrême.
En cas de maladies mentales, les symptômes sont augmentés du fait de cette augmentation de stress, anxiété ou irritabilité. Les épisodes dépressifs sont également majorés.
Jérôme Palazzolo, psychiatre et chercheur à l'université Nice-Côte d'Azur ajoute sur BFM TV que “Comme tout notre corps, le cerveau, composé à plus de 80% d’eau, souffre aussi de la chaleur. En réaction à une diminution de l'irrigation cérébrale, le corps actionne un mécanisme d'adaptation qui se traduit par une plus forte sécrétion de cortisol et d'adrénaline, des hormones qui vont nous mettre dans un état d’hypervigilance. Cela se traduit par du stress voire de l’anxiété”
De plus, sur un de ses articles, BFM indique même une hausse de l’agressivité. Guillaume Fond, chercheur et psychiatre à Assistance publique des Hôpitaux de Marseille explique que "Dès 48 heures de fortes chaleurs, on observe une hausse de l'agressivité qui peut aller jusqu’à la violence physique mais que cela ne concerne heureusement pas toute la population mais ce sont les personnes qui ont des prédispositions à l'agressivité qui vont plus facilement passer à l'acte en cas de fortes chaleurs"
Des études ont même montré une hausse des crimes violents aux Etats-Unis, en Finlande ou encore en Afrique du Sud et une hausse des conflits humains de façon générale.
Enfin la chaleur à également un impact sur notre concentration, une étude publié en 2020 par l’American Economic Journal réalisé sur des millions d'élèves américains passant un test précédent leur examen d’entrée à l’université que sans climatisation, une année scolaire plus chaude de 0,5°c réduit l’apprentissage de 1 %
L’éco-anxiété
A l’heure de la crise écologique que nous connaissons actuellement et qui comprend le réchauffement climatique et une augmentation du nombre de canicules qui sont elles-mêmes de plus en plus fortes, nous entendons également de plus en plus parler d’une autre forme de trouble : l’éco-anxiété.
BFM explique que l'éco-anxiété est un terme apparu autour de l'année 2020, et qui se définit par la souffrance et l'angoisse ressenties vis-à-vis du changement climatique et de la destruction de la biodiversité par l'être humain.
L’éco-anxiété, bien qu’elle n’est pas considérée comme une maladie mentale et vue tout de même par certains professionnels comme un stress-pré traumatique, c’est une anxiété liée à l’incertitude des effets du changement climatique mais qui est tout de même le signal d’une certaine lucidité sur le monde.
Le déclencheur de l’éco-anxiété chez une personne peut-être un facteur direct, c’est le cas d’une personne qui subit une catastrophe naturelle liée au changement climatique comme une inondation ou indirect suite par exemple au visionnage d’un film qui traite ce sujet … voir cette vidéo.
Certains symptômes peuvent permettre d’identifier une personne qui souffrirait d’éco-anxiété comme de la tristesse, un stress intense, un sentiment d’impuissance et d’injustice, de culpabilité ou encore de colère.
A côté de l’éco-anxiété vient aussi le terme de solastalgie qui est en quelque sorte le deuil du monde que nous avons connu et qui est en train de disparaître lié à la crise écologique, alors que l’éco-anxiété est basé sur le futur, la solastalgie est elle basé sur de la nostalgie donc sur le passé.
Et nous retrouvons des personnes qui souffrent de ses formes de stress un peu partout dans le monde. Nous pensons par exemple à certains peuples autochtones qui voient impuissamment leur habitat naturel se dégrader ce qui les empêche de pouvoir transmettre à leur descendance leurs savoirs alors que leurs richesses et leurs cultures reposent sur cette transmission de savoirs et la perpétuation de certaines traditions.
Sans surprises, pour les chercheurs l’unique solution à ces problèmes de santé mentale liés à la crise écologique est de … régler cette crise écologique.
Pour conclure
Avec cette vidéo nous avons souhaité vous donner un aperçu de l’impact que la crise écologique va avoir sur notre vie et qu’une seule solution technique n’est pas à la hauteur pour résoudre cette crise qui regroupe à elle seule une multitude de crises (biodiversité, climat, pollution et donc également sanitaire …)
Il faut une justice écologique et sociale et repenser en profondeur notre société pour résoudre ou atténuer cette crise.
Nous pourrions par exemple changer la façon que nous avons de gagner de l’argent qui est basé aujourd’hui sur la production et la surproduction d’objets en tout genre.
Nous pouvons nous questionner sur le rapport que nous avons avec la réussite qui est basée aujourd’hui sur une richesse financière et la consommation d’objets, d’expérience alors que les personnes les plus riches polluent le plus. Rappelons par exemple que les 1 % les plus riches de la planète émettent plus de CO2 que les 50% les plus pauvres de l’humanité.
Peut-être que la réussite pourrait être dans une forme de création intellectuelle, artistique, scientifique ou artisanale (Une forme de réussite qui n’encourage pas à la consommation, à la compétition malsaine et à l'accumulation de gain à outrance et donc in fine à la pollution) et nous pourrions revendiquer avoir du temps pour ses activités sans avoir à mettre une pression de rentabilité comme aujourd’hui en réduisant par exemple le temps de travail et donc en conséquence la production d’objets et services inutiles
Enfin, pour nous et c’est ce que nous défendons avec notre projet, il est nécessaire de réapprendre à nous émerveiller de ce qui nous entoure tant pour notre santé mentale que pour notre environnement mais pour cela il faut être en capacité d’observer notre monde et avoir un monde qui reste observable.
Nous vivons dans une société compétitive, pleine d’injonctions et où le reste du vivant est vu comme une ressource, nous vivons dans une société qui détruit déjà notre santé mentale et notre monde donc notre capacité à nous émerveiller. Et il est terrible de constater que la crise écologique engendre elle-même des problèmes de santé mentale, c'est un véritable effet boule de neige.
En réalité, de nombreux composants sont liés dans la résolution de cette crise mais peut-être pouvons nous créer une société qui remet l’émerveillement au cœur de nos vies
Sources et crédits photos
Keenan Constance
Christo James V
Wikipedia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Canicule_de_2023_en_Europe#:~:text=La%20premi%C3%A8re%20vague%20de%20chaleur,9%20%C2%B0C%20%C3%A0%20S%C3%A9ville.
https://institut.amelis-services.com/sante/prevention/les-niveaux-dalerte-du-plan-canicule/
https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sciences/canicule-comment-la-chaleur-affecte-notre-cerveau-et-notre-moral-GOI25PQYRBEU5O74EY2MMI4ODU/
https://www.bfmtv.com/sante/agressivite-concentration-stress-comment-les-fortes-chaleurs-jouent-sur-notre-sante-mentale_AN-202308220030.html
https://www.elle.fr/Love-Sexe/News/Canicule-et-fortes-chaleurs-des-effets-deleteres-sur-notre-sante-mentale-3996175
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34819309/
https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.1235367
https://www.allodocteurs.fr/comment-les-chaleurs-extremes-alterent-notre-sante-mentale-35380.html
https://www.ecoconso.be/fr/content/eco-anxiete-et-solastalgie-cest-quoi
https://www.tilt.fr/articles/milliardaires-climat-pourquoi-les-plus-riches-polluent-plus