Sommes-nous vraiment libres ?

25 janvier 2025 par
Since Nothing

Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir pourquoi vous aviez pris telles ou telles décisions au cours de votre vie ? Peut-être vous a-t-on déjà reproché un manque de volonté au point de vous faire culpabiliser ? Êtes-vous certains que ce que vous êtes aujourd’hui est entièrement du ressort de votre responsabilité ?

De Tertullien à Spinoza, en passant par Saint-Augustin ou Samah Karaki, la question du libre-arbitre est un sujet qui passionne les philosophes et scientifiques depuis la nuit des temps. 

Alors que le libre-arbitre serait pour certains un don de Dieu, pour d'autres il ne serait que pure illusion au point même, comme le formulera Spinoza “la liberté n’est que l’ignorance des causes qui nous déterminent”.

Alors, est-ce que le libre-arbitre existe ?


Qu’est-ce que le libre-arbitre ?

Vous en avez désormais l’habitude sur cette chaîne, avant de parler d’un sujet, il est toujours bon de le définir le plus justement possible.

Alors, le libre-arbitre qu’est-ce que c’est ?

Si nous nous attachons à une définition de dictionnaire, le Robert définit le libre arbitre comme étant une “volonté libre, sans contrainte”. Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, étaye cette définition en indiquant que la volonté est la “faculté de l’être humain de se déterminer, en toute liberté et en fonction de motifs rationnels, à faire ou à ne pas faire quelque chose”.

Le Larousse nous apprend même que le théologien et philosophe Tertullien, né en 160 après J.C, est le premier à traduire par “libre arbitre” le grec “autexousios” employé cinq fois seulement par Épictète pour caractériser l'absence de contrainte extérieure. Mais l'expression « libre arbitre » a une connotation supplémentaire, non seulement l'absence de contrainte, mais aussi le jugement d'un arbitre. La notion de libre arbitre a cependant été développée par Saint Augustin, lui aussi théologien et philosophe, né en 354 après J.C afin d’exprimer le fait que l’Homme est le seul responsable du péché et qu’il n’y a pas de cause du mal en Dieu.

Philomag ajoute que Jean Buridan, théologien du XIV ème siècle caractérise même le libre-arbitre comme étant le propre de l’Homme via son exemple de l’âne qui, placé entre un seau d'avoine et un seau d’eau, meurt, étant incappable  de pouvoir se déterminer à choisir là où Descartes, dans le cadre d’un libre-arbitre “non éclairé” vient nuancer cette thèse en précisant qu’un choix fait sans raison particulière est en fait un signe d'ignorance, le libre-arbitre est alors le plus bas degré de la liberté lorsqu’il n’est pas éclairé par la raison qui permettrait de guider le choix. Pour Descartes, la raison est le guide de notre volonté, il faut connaître pour choisir.

La notion de libre-arbitre n’est donc pas si évidente que cela à définir est fait débat depuis au moins le II ou IIIème siècle. Cependant, nous pouvons peut-être retenir qu’en philosophie, ce qu’on appelle “libre-arbitre” est la capacité dont dispose la volonté d'effectuer un choix par elle-même. C’est la capacité à se décider sans autre cause que la volonté même, c’est-à-dire sans influence externe.

Et cette définition ne plaît pas spécialement à Spinoza et à certains déterministes.

Le déterminisme est, en autres, une théorie philosophique selon laquelle chaque événement, en vertu du principe de causalité, est déterminé par les événements passés conformément aux lois de la nature. Chaque événement a alors une cause précise. Par exemple, nos choix ou comportements sont le résultat de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux ou environnementaux.

Avec cette définition, nous comprenons alors que la question de la compatibilité du déterminisme avec la notion de libre-arbitre n’a jamais cessé de diviser les philosophes.

D'après Ariel Suhamy, alors que Descartes et Galilée ont reconnu que “que tous les événements de la nature sont causés de manière nécessaire par des relations causales que la science, les mathématiques, peuvent comprendre” cependant, pour ces savants, l’Homme, doué du libre-arbitre, échappe alors au déterminisme universel.

Spinoza, quant à lui, a alors élargi le champ du déterminisme à l’Homme, pour lui, tous les hommes sont déterminés dans leurs actions. Il repense alors la liberté : qui n’est pas le fait d’échapper au déterminisme, mais le fait d’être déterminé de l’intérieur par sa propre nature et non pas de l’extérieur par des causes contraires." En d'autres termes, un être est libre quand il suit son conatus, quand il persévère dans son être. 

Spinoza ne réfute pas la liberté mais le libre-arbitre. Pour lui, la croyance en un libre-arbitre est une illusion née de notre ignorance des causes qui déterminent nos actions. Nous avons conscience de nos actions, mais nous ne comprenons pas les mécanismes complexes qui nous poussent à agir ainsi.  Cependant, Spinoza ne nie pas l'existence de la liberté. Pour lui, la liberté ne réside pas dans la capacité de faire n'importe quoi, mais dans notre capacité à persévérer dans son être en comprenant, entre autres, les causes qui nous déterminent. A l’aide de la raison, l'individu peut mieux comprendre sa nature et les causes qui agissent sur lui. En acquérant une connaissance adéquate de la réalité, l'individu peut agir de manière plus conforme à son conatus et ainsi accroître sa puissance d’être et donc sa liberté. Chez Spinoza, liberté et nécessité ne s'opposent pas. Au contraire, elles sont intimement liées. Un être libre est un être qui agit en accord avec sa propre nature, c'est-à-dire en suivant les nécessités de sa propre existence. La liberté selon Spinoza, ne s’oppose donc pas au déterminisme, mais s’inscrit au contraire dans un cadre déterministe, comme une manière d’agir à l'intérieur de ce déterminisme. C’est un processus d'émancipation qui passe par la connaissance de soi, de ce qui nous entoure et par l'action conforme à sa nature profonde. Ce n'est pas une liberté qui consiste à s'affranchir de toute contrainte, mais une liberté qui consiste à s'épanouir en tant qu'être singulier dans un univers ordonné au fil de notre vécu. Nous avons une capacité d'agir, mais elle se construit par la connaissance et l’action et s'exerce dans un cadre déterminé. Cette conception de la liberté peut sembler paradoxale, mais elle offre une perspective intéressante sur la condition humaine. Elle nous invite à considérer notre existence comme un processus dynamique, où la liberté et la nécessité sont étroitement liées.

A noter qu’il existe également la théorie philosophique compatibilisme qui vise à concilier le déterminisme et le libre-arbitre en distinguant les causes internes et externes, en mettant l'accent sur le processus décisionnel ou encore en redéfinissant le libre-arbitre qui devient alors la capacité d'agir en accord avec ses désirs les plus profonds, même si ces désirs sont eux-mêmes déterminés.

Le déterminisme est un concept qui traverse plusieurs disciplines comme la philosophie certes mais également les mathématiques avec Pierre Simon de Laplace, les sciences sociales avec Emile Durkheim ou encore la physique avec Isaac Newton même si depuis, la physique quantique a remis elle aussi en question la notion de  déterminisme.

Vous l’avez compris, le déterminisme reste alors assez compliqué à expliquer tellement il est vaste surtout dans une vidéo d’une vingtaine de minutes comme celle-ci, mais cette théorie permet de penser au-delà du libre-arbitre et de redéfinir les contours de la liberté.

Pourtant, force est de constater que la notion de libre-arbitre est bien présente aujourd’hui dans notre société et encore très ancrée dans nos imaginaires.


Le libre-arbitre, composante essentielle dans la structuration de notre société.

Vous le savez, nous évoluons aujourd’hui dans une société néo-libérale qui promeut en autres que l’individu est maître de son destin et que ses choix déterminent entièrement sa réussite ou son échec.

Le notion de libre-arbitre a donc une place centrale notamment pour développer une lecture méritocratique de son parcours.

Le mérite, qui comme le rappelle Chantal Jaquet est une construction politique destinée à conforter l'ordre social, est un pilier fondamental des sociétés néolibérales.

En rendant chacun responsable de son sort, l’idée est que chacun obtient ce qu'il mérite en fonction de ses efforts et de ses talents. D’un point de vue politique, cette vision des choses, notamment dans le cadre de politiques conservatrices, permet de justifier par exemple les inégalités sociales, si une personne est pauvre c’est qu’elle n’a pas assez travaillé et cela permet d’éviter de prendre des mesures politiques, économiques ou culturelles qui pourraient alors certes amener plus d'égalité mais bousculer l'ordre établi.

Le mérite est alors, pour la plupart des personnes, une motivation pour travailler toujours plus, la promesse d’une ascension sociale, l’espoir de pouvoir améliorer sa condition et qui par conséquent favorise le dynamisme économique des États et des entreprises.

Sans la notion de libre-arbitre comme étant la capacité d’un individu à prendre des décisions de manière autonome, la mérite n’existe alors pas. Si l'on renonce au libre arbitre, on doit également remettre en question l'ensemble des systèmes de valeurs qui reposent sur cette notion y compris la morale et la motivation individuelle ou encore la justice, car si nos actions sont en partie déterminées par des facteurs externes, dans quelle mesure pouvons-nous être tenus responsables de nos actes ?

Le mérite est également une façon de valoriser son parcours et ses réussites. Dire que nous avons réussi car nous avons bénéficié de telles ou telles conditions extérieures à notre volonté est beaucoup moins valorisant que d’expliquer que nous avons réussi par la seule force de notre travail. Le mérite joue alors ici sur un biais psychologique qui s’appelle l’erreur fondamentale d’attribution où nous avons tendance à surestimer l’influence des facteurs internes (ex : notre personnalité, notre motivation) et à sous-estimer l'influence des facteurs externes (contexte, chance, environnement).

Mais dans une société néo-libérale comme la nôtre où l’individu est maître de sa vie, de ses performances et de son bonheur, la notion de libre-arbitre devient bel et bien un concept central. Nous pouvons notamment le voir avec l'avènement des pratiques de développement personnel, qui à coup de coaching aux pratiques parfois pseudo-scientifiques, nous aident à devenir la meilleure version de nous-mêmes dans un individualisme toujours plus exacerbé.

Le libre-arbitre, comme une des valeurs centrales de nos sociétés occidentales, pose question. Nous avons commencé à le voir tout à l’heure, mais en prônant un discours mettant l’individu comme étant le seul responsable de ses réussites et de ses échecs, nous invisibilisons alors les structures sociales qui façonnent pourtant notre vie. Les normes sociales, les institutions, les systèmes économiques et politiques sont autant de facteurs qui influencent nos choix et nos possibilités, mais qui sont souvent laissés de côté dans une perspective individualiste et ce, malgré le fait que de nombreux sociologues, chercheurs ou encore neuroscientifiques ont démontré l’impact de notre environnement sur nos parcours de vie : 

  • Michel Foucault a par exemple montré par son travail comment les individus sont façonnés par les structures sociales et les normes.


  • Pierre Bourdieu, lui, a développé la notion de capital (qu’il soit économique, sociale ou culturelle) pour montrer comment les individus sont dotés de ressources différentes, héritées de leur milieu social et qui influencent leurs trajectoires sociales. Pierre Bourdieu est également connu pour le concept d’habitus qui est une structure incorporée qui donne une prédisposition à agir.


  • Thomas Piketty, suite à ses recherches sur les inégalités économiques, montre comment les structures économiques favorisent une concentration de la richesse et limitent la mobilité sociale.


  • Samah karaki a souligné que nos capacités sont en grande partie façonnées par notre environnement, notre éducation et nos expériences et montre que les réussites individuelles sont souvent le fruit d'une combinaison de facteurs, dont certains sont liés au hasard et aux privilèges.


  • Enfin Anthony Galluzzo a même remis en question le mythe de l’entrepreneur, figure de la volonté toute puissante en montrant comment l’Etat, en tant qu’investisseur dans la recherche fondamentale, permet l'éclosion des industries et des entrepreneurs.

L'invisibilisation des structures sociales est alors une simplification du réel qui permet de ne pas avoir à remettre en cause des systèmes complexes qui régissent notre société. Prenons l’exemple du chômage, en mettant l'accent sur la responsabilité individuelle (manque de compétences, de motivation), on détourne l'attention des causes structurelles du chômage, comme la mondialisation, les politiques économiques ou la conception même du travail que nous avons aujourd’hui qui n’est vu que comme une force de production au service du capitalisme.

Comprenons bien que l’invisibilisation des structures sociales est également un moyen de maintenir le statu quo, ce qui est bien évidemment à l’avantage des groupes sociaux dominants qui peuvent conserver leurs privilèges. Nous écoutons par exemple souvent des politiques ou chef.fes d’entreprises nous parler de mérite, pourtant il est assez marrant de s'intéresser à leurs origines sociales. Par exemple, Valérie Pécresse, qui défend la valeur travail et le mérite, est la fille de l’ancien président du groupe Bolloré Telecom. Agnès Pannier-Runacher, qui aime tant vanter la magie de l'industrie, est la fille d’un cadre dirigeant de la société pétrolière Perenco. Nous comprenons également ici que finalement le “quand on veut on peut” est en réalité plus un “quand on peut, on veut”.

Si votre père à fait l’ENA vous avez par exemple 330 fois plus de chance d’intégrer l’ENA également il est alors moins drôle de constater que si votre père est ouvrier, vous avez 48 % de chance de devenir ouvrier.

Point de libre-arbitre ou de volonté ici en tant que capacité de se déterminer, mais bon, de toute façon, peut-être n'a-t'il tout simplement jamais existé.


Le libre-arbitre existe-il vraiment ?

Nous l’avons compris, la notion de libre-arbitre est largement remise en question notamment par certains philosophes et les sciences humaines et il est intéressant de noter que des expériences en neurosciences mettent également à mal la notion de libre-arbitre.

Les expériences de Benjamin Libet, neurologue et scientifique pionnier dans le domaine de la conscience humaine ont par exemple suscité un débat intense sur la nature du libre arbitre. En étudiant l'activité cérébrale liée à des mouvements volontaires, Libet a mis en évidence un phénomène étonnant : l'activité cérébrale préparant un mouvement apparaissait systématiquement avant que le sujet n'ait conscience de la décision de bouger.

En d’autre termes, ce que nous allons faire est déjà en préparation dans notre cerveau avant même que nous ayons l'idée consciente de le faire. Le libre arbitre, notre sentiment d'être le maître à bord serait alors une illusion, construite après coup par notre cerveau comme le précise La Vie. Libet ne considère alors comme possible, que l’idée d’un libre arbitre dans sa notion de veto, c’est-à-dire qu’il ne serait pas la capacité d'initier une action, mais plutôt celle de la bloquer ou de la modifier une fois qu'elle a été préparée par le cerveau.

Il faut souligner néanmoins que les expériences de Benjamin Libet et ses conclusions sont encore débattues. Certains pointent les limites de l’expérience qui se concentrent sur des mouvements simples, cependant il a ouvert tout de même de nombreux débats sur la nature de la conscience ou le rôle de l’environnement dans la prise de nos décisions.

Plus récemment, des neuroscientifiques comme Samah Karaki et Albert Moukheiber soutiennent que le libre arbitre est bien plus contraint et influencé par des facteurs externes et internes que nous ne l'imaginons généralement. Ils démontrent, à travers leurs recherches et leurs ouvrages, comment nos décisions sont façonnées par notre environnement, notre éducation, nos biais cognitifs, et même par les mécanismes biologiques de notre cerveau.

Ils expliquent par exemple que notre cerveau est un organe plastique, qui se modifie en fonction des expériences. Cela signifie que notre environnement peut littéralement remodeler notre cerveau et influencer nos comportements futurs.

Cependant, il est important de préciser que ni Samah Karaki ni Albert Moukheiber ne défendent un déterminisme absolu. Ils reconnaissent une part d’agentivité chez l’individu mais qui a un poids beaucoup plus réduit que nous le pensons pour expliquer nos parcours de vie. Ils nous invitent alors, collectivement, à nous questionner sur nos déterminismes afin de pouvoir trouver des solutions. Cela passe notamment par l'éducation qui peut nous aider à acquérir un esprit critique, ou encore par le questionnement de la façon dont les différentes institutions (politiques, économiques, ou sociales) jouent un rôle déterminant dans la construction de nos sociétés et comment elles façonnent nos comportements afin de pouvoir les transformer pour créer un monde plus juste et équitable.

Prendre conscience que nous ne sommes peut-être pas le maître absolu de notre vie et qu’il faille trouver un équilibre entre l'acceptation de nos déterminismes et l’affirmation de notre volonté d’agir peut-être un peu déroutant. Et pourtant cette prise de conscience peut-être au contraire vue comme une vraie force libératrice.

La prise de conscience et l’identification des nombreux facteurs et déterminismes qui régissent notre vie, permettent de comprendre qu’il est nécessaire d’entrevoir de nouvelles façons d’imager notre société. Le fait même de pouvoir imaginer, malgré les contraintes d’un libre-arbitre limité, de nouveaux modes de fonctionnement de notre société, qui prendraient en compte les facteurs environnementaux afin de ne pas retomber dans un système inégalitaire, montre que nous ne renonçons pas à la liberté, car malgré les déterminismes nous pouvons agir afin de trouver des solutions.

Mais il est important de comprendre la nécessité d’agir collectivement, en agissant seul, nous luttons avec nos propres conditionnements et biais. Agir collectivement permet alors de dépasser nos conditionnements personnels à l’aide des autres personnes qui nous entourent afin de prendre du recul sur notre propre situation et inversement, nous pouvons aider les autres personnes à adopter une autre lecture de leur environnement. C’est cette mise en commun de points de vue, en fonction de l’expérience de chacun qui contient ses propres déterminismes, qui permet de les identifier, de les comprendre et de les dépasser. Oui, nous avons une capacité d'agir, mais celle-ci se construit tout de même dans un réseau de déterminations.

Ensemble, nous parviendrons peut-être à créer un modèle de société en rupture avec le néolibéralisme actuel afin d’inventer une société avec moins de pressions, où le travail et la performance ne sont pas au centre de tout et qui ne serait pas basé sur un libre-arbitre et une volonté omniprésente qui nous culpabilise lorsqu’un échec survient. Car oui, comme nous le rappellent des sociologues comme Norbert Elias ou Bernard Lahire, la société n'est pas une entité extérieure qui nous impose ses règles, mais bien une construction collective. Les individus, en interagissant, en créant des normes et des valeurs, contribuent à façonner le monde social dans lequel ils vivent et qui nous façonnent en retour.

Alors, peut-être que nous pourrions remplacer la notion de libre-arbitre par celle d’errance.

La notion d’errance pourrait être centrale, cela serait une expérimentation libre à l’encontre d’une trajectoire prédéfinie qui laisse peu de place à l'échec. Cela permettrait de naviguer entre nos déterminismes et notre agentivité afin d’expérimenter et nous permettre de nous ficher la paix au moment d’un échec. L'errance serait une forme de résistance à un monde qui impose des normes de productivité, de performance et de réussite. L’errance, cela serait choisir une voie alternative, où l’on se donne la possibilité de changer de cap, de s’émerveiller, de ne pas toujours savoir où l’on va, mais d’accepter pleinement cette incertitude comme une manière d’explorer la liberté qui naît lorsque nos déterminismes et notre libre-arbitre co-existent.


Conclusion

Nous l’avons vu, le libre-arbitre est une notion parfois compliquée à définir et qui fait largement débat.

Nous vivons dans une société qui met l’accent sur notre libre-arbitre pourtant cette même société influence notre capacité à faire des choix. Prenons l’exemple dans le domaine commercial, les choix proposés aux consommateurs sont souvent limités et orientés par des stratégies marketing. L’individu a l’illusion de choisir mais ses choix sont en réalité modelés par des discours marketing rodés. 

Souscrire à un libre-arbitre absolu semble alors être une ignorance, peut-être parfois confortable des causes qui nous déterminent, mais prôner un déterminisme absolu semble être l’ignorance de notre capacité collective à nous questionner sur ce dernier. 


Ayons le courage de prendre du recul sur nos parcours de vie, prenons conscience que malgré le fait que les recherches scientifiques nous apportent de nouvelles connaissances sur le fonctionnement de notre cerveau, il reste encore beaucoup à découvrir. Nous devons rester humbles face à la complexité de l'être humain et ne pas réduire les individus à de simples mécanismes, et alors peut-être trouverons-nous un équilibre entre l'acceptation de nos déterminismes et l'affirmation de notre volonté d'agir afin de pouvoir collectivement créer de nouvelles formes de liberté.


Sources

https://dictionnaire.lerobert.com/definition/libre-arbitre 

https://www.cnrtl.fr/definition/volont%C3%A9#:~:text=1.,ne%20pas%20faire%20quelque%20chose

https://www.larousse.fr/encyclopedie/philosophie/libre_arbitre/191824 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tertullien 

https://www.philomag.com/lexique/libre-arbitre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Buridan 

https://www.toupie.org/Dictionnaire/Libre_arbitre.htm 

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9terminisme 

https://www.larousse.fr/encyclopedie/philosophie/libre_arbitre/191824 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Libre_arbitre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Compatibilisme 

https://www.youtube.com/watch?v=5q3pRZSsHr8 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fatalisme

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/la-liberte-n-est-que-l-ignorance-des-causes-qui-nous-determinent-7096412 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Erreur_fondamentale_d%27attribution

https://www.youtube.com/watch?v=HIbgaPslcSw&t=578s 

https://www.youtube.com/watch?v=BwoLZgwZxLI 

https://www.youtube.com/watch?v=Y8fO3e8P0_A&t=600s 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Capital_culturel 

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-du-vendredi-21-juillet-2023-8057608 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-meilleur-des-mondes/le-mythe-de-l-entrepreneur-une-contre-histoire-d-apple-avec-anthony-galluzzo-7181340 

https://www.youtube.com/watch?v=SvlnjWvHJYg&t=879s 

https://www.scienceshumaines.com/avons-nous-vraiment-un-libre-arbitre_fr_38877.html

https://www.lavie.fr/actualite/sciences/quand-les-neurosciences-mettent-a-mal-la-notion-de-libre-arbitre-2865.php 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Libet 

https://bonpote.com/albert-moukheiber-le-cerveau-est-instrumentalise-a-des-fins-ideologiques-ou-mercantiles/ 

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/interview-confidences-albert-moukheiber-docteur-en-neurosciences

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-du-vendredi-21-juillet-2023-8057608 

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